Chirurgie des séquelles de brûlure

La chirurgie des séquelles de brûlure est une branche complexe et essentielle de la chirurgie plastique, dédiée à la réparation et à l’amélioration des lésions cutanées résultant de brûlures. La diversité des dommages causés par ces traumatismes rend chaque cas unique, nécessitant une approche personnalisée pour restaurer l’intégrité de la peau et optimiser la fonction des zones affectées.

Les principes de la chirurgie des séquelles de brûlures

Quelle que soit son origine (flamme, liquide chaud, substance chimique, etc.), une brûlure entraîne une destruction plus ou moins profonde des couches cellulaires de la peau. Si les capacités naturelles de régénération cutanée sont dépassées, on parle de brûlure profonde, laissant inévitablement des séquelles. Le corps réagit à cette perte de tissu en formant des cicatrices rétractiles qui visent à combler le manque de peau (perte de substance cutanée virtuelle).

L’objectif principal de la chirurgie réparatrice des brûlures est donc d’apporter de la peau de qualité pour compenser ce déficit. Plusieurs techniques chirurgicales sont employées à cet effet :

  1. La Greffe de Peau :
  • Greffe de peau totale (pleine épaisseur) : Implique le prélèvement de toutes les couches de la peau du donneur.
  • Greffe de peau mince (partielle) : Ne comprend que les couches superficielles de la peau.
    Ces techniques sont particulièrement efficaces pour la reconstruction de petites surfaces anatomiques délicates, telles que le visage (nez, paupières) ou les mains (doigts), où la restauration précise est cruciale.
  1. Les Lambeaux :

Cette méthode consiste à prélever un segment de peau vascularisé (un lambeau) à distance de la zone brûlée et à le transposer sur la cicatrice de brûlure. Le lambeau permet de libérer les brides rétractiles et d’apporter un tissu bien vascularisé. La principale limite de cette technique réside dans la quantité de peau disponible sur le site donneur.

  1. L’Expansion Cutanée :

Révolution dans la prise en charge des séquelles de brûlure, l’expansion cutanée permet de s’affranchir des contraintes du site donneur. Un ballon en silicone est inséré sous la peau adjacente à la cicatrice. Ce ballon est ensuite progressivement rempli de sérum physiologique via une valve située à distance, distendant ainsi la peau environnante. Cette peau « supplémentaire » peut ensuite être utilisée soit comme un lambeau, soit comme une zone donneuse pour une greffe de peau.

  1. Le Derme Artificiel (ex: Integra®) :

Utilisé pour traiter des zones étendues, le derme artificiel vise à remplacer le tissu sous-cutané endommagé. Sa mise en place se fait en deux étapes chirurgicales : une première opération pour implanter le derme artificiel sur la zone cicatricielle, suivie d’une seconde, environ 21 jours plus tard, pour recouvrir ce derme d’une greffe de peau ultra mince. Bien qu’efficace pour de grandes surfaces, cette technique est limitée par son coût et des résultats esthétiques parfois imprévisibles.

Amélioration des qualités trophiques et esthétiques

Une fois le déficit cutané comblé, l’étape suivante consiste à améliorer la qualité du tissu reconstruit, tant sur le plan trophique (nutritionnel) qu’esthétique. Deux techniques chirurgicales complémentaires sont fréquemment utilisées :

  • L’injection de graisse purifiée (lipofilling) : Permet d’améliorer la trophicité des greffes de peau et des zones cicatricielles, favorisant leur souplesse et leur aspect.
  • La dermabrasion : Vise à uniformiser les différences de couleur et de pigmentation entre la peau normale et les zones brûlées, améliorant ainsi l’aspect esthétique global de la cicatrice.

Considérations Pratiques de la chirurgie des séquelles de brûlure

La chirurgie des séquelles de brûlure, à quelques exceptions près (brûlures des paupières ou des mains nécessitant une intervention plus précoce), est généralement envisagée à distance de la prise en charge initiale de la brûlure, qui inclut souvent des greffes de peau.

Un travail intensif de kinésithérapie et de pressothérapie est essentiel en amont de la chirurgie. Ces thérapies permettent d’assouplir les zones cicatricielles et de préparer les tissus à l’intervention. L’acte chirurgical n’est envisagé qu’une fois la cicatrice stabilisée.

Ces interventions sont le plus souvent réalisées sous anesthésie générale, nécessitant une hospitalisation conventionnelle. Les soins post-opératoires peuvent être longs et exigent une observance rigoureuse de la part du patient pour garantir les meilleurs résultats.